Chères spectatrices, chers spectateurs,
La construction de cette saison s’est révélée être un exercice hors norme. L’arrêt de toutes nos manifestations nous a obligés à repenser nos pratiques et à aborder l’inconnu. Pendant des semaines, j’ai été témoin de la manière dont mes collaborateur.rice.s se sont lancé.e.s avec ardeur dans une dynamique de réactivité, de lâcher prise et de pensée pragmatique qui avait pour seul but de sauver la poésie. La même poésie qui a été obscurcie par la crise sanitaire.
On préservait l’espoir là où il n’y en avait pas. On faisait le deuil des projets qui tombaient à l’eau et puis on continuait d’imaginer par quoi on pouvait les remplacer. On s’exerçait à accepter la fragilité de notre réalité et même la possibilité de sa disparition. On essayait d’accompagner des idées artistiques là où elles étaient ensevelies par des couches d’incertitude et de peur.
Finalement ce qu’on a fait, consciemment ou pas, c’était identifier et sauver les espaces éphémères de nos rêves, de nos expériences et de nos espoirs. On a senti à quel point ces espaces invisibles et fragiles sont des trésors de notre humanité et que la culture en général (le théâtre en particulier), les chargent d’un émerveillement extatique et d’un silence profond. Ce sont ces espaces qui sont les preuves que nous sommes toujours en vie et que cette vie se manifeste dans les moments de joie aussi bien que dans les moments de détresse.
Cette saison est un processus d’apprivoisement de toutes ces questions. C’est étonnant de voir comment les œuvres peuvent résonner autrement dans la lumière de notre expérience récente et à quel point tout cela nourrit ce changement de paradigme que nous sommes en train de vivre.
Propulsés par leur nature créatrice, les artistes et leurs spectacles nous disent à quel point la réalité peut être plus vaste que n’importe quelle imagination lorsque l’on reste à l’écoute de ce que la vie nous dit.
Donc, cher.e.s amateur.rice.s de la poésie vivante, restons en vie malgré tout !
Je vous souhaite une belle saison 2020/2021.
Vive le théâtre ! Vive la vie !
Galin Stoev